LE DRAPELEPHANT

Le drapé devint si évident
Qu’à la fin il devint éléphant.
Le voile épousait une forme humaine.
Les vagues soyeuses semblaient vaines.
Les membres étaient à peine léchés
Et définitivement cachés.
L’art de De Vinci si enivrant
Qu’à la fin il devint éléphant.
Les sillons satinés et brillants,
Tels des abers étroits et béants
Alternant entre ubacs et adrets,
Révélèrent un autre aspect.
Le dessein devint si ondoyant
Qu’à la fin il devint éléphant.
L’ample drap prit l’air du temps,
Saisit la chair en la vieillissant.
Se suivirent tourments et humeurs
Qui firent œuvre de fossoyeurs.
Le fantôme devint si fuyant
Qu’à la fin il devint éléphant.
Les peaux étaient flasques et tombantes.
Entre bourrelets et rides bâillantes .
Apparurent des yeux apeurés,
Ceux d’un éléphant qui se cachait.
Consolation d’un drapé raté,
Un vieil éléphant était sauvé.