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Un jour comme un autre à la lecture du journal,

Mon regard croisa celui d’une femme obscure.

Je me perdis alors dans son monde abyssal.

Ses yeux  séducteurs prolongèrent ma capture.

La douce créature inconnue m’a ravi ;

Un long moment je suis resté prisonnier ;

J’ai été esclave, volontairement asservi.

Comment pouvais-je, oh ma belle, te déifier ?

Malgré ton pouvoir, je discernais quelques peines,

L’expression sombre de celle qui dominait,

Mélancolique de celle qui n’était pas sereine ;

Il me fallait alors savoir qui tu étais.

Difficilement je m’extirpais de ta photo.

Je lus ce court article qui t’était consacré.

Un écrivain te ressuscita par les mots.

Car tu étais morte, trente-deux était l’année.

Ont été déposées, au Père Lachaise, tes cendres.

Comme je compris l’intérêt porté par cet homme

Qui flânant par-là, de toi voulut tout apprendre.

Fasciné, il voulut t’arracher de ton somme.

Quand étais tu née ? De ça on ne le savait.

Sous ce visage saisissant deux mots gravés ;

Je sus que Leilah Mahi tu te nommais.

De cette quête un livre fut auréolé.

Je ne pus attendre de te mieux connaître.

Je revins à ton image, à ma geôlière.

Je pris plaisir alors à te refaire paraître,

Du pays des morts, à donner ma lumière.

Je palis ton front, je noircis ton regard.

Je caressai ton visage, embrassai tes lèvres.

Tout en toi par mes pinceaux me rendait hagard.

Les voiles levés me donnèrent la fièvre.

Leilah , comme une danseuse orientale

Tu m’envoutais, tandis que roulaient les tambours.

Je te trainais dans la Casbah, dans le dédale.

Tu étais ma compagne interdite à l’amour.

Mais tu restais pour moi un sacré mystère

Devenue mienne tu ne m’appartenais pas.

Tu étais là, distante, sans vouloir l’adultère.

J’étais donc condamné à te voir devant moi,

Raillé, moqué par ce léger sourire narquois.

Combien sont-ils ceux qui t’ ont écrit et peints ?

Ceux qui en vain t’ont approchée et t’ont aimée ?

A cause de toi, malgré toi, tous ces destins 

Durant ta vie, durant ta mort, ont chaviré.

Ai-je vraiment envie d’en savoir plus sur toi ?

Alors que de toi je peux tout imaginer.

J’aurais tant voulu être accroché à tes bras

Pour enfin , à la librairie m’accompagner.

 

« Est-ce l'éclat sombre de la passion ou celui de la folie qui brille au fond de ses yeux ? Deux grands yeux maquillés d'un cerne ténébreux, aux prunelles hypnotiques, qui me fixent, me fascinent, m'attirent irrésistiblement, comme un phalène. Des yeux si larges, brouillés de fièvre, en noir et blanc. Et cette imperceptible ironie sur ses lèvres. » Didier Blonde .LEILAH MAHI 1932

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