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Tu avais dix-sept ans, n’étais plus un enfant
Tu avais dix-sept ans, ton cœur était aimant.
Interdit t’était le monde des plus grands,
Ecartée de celui des adolescents.
Pensive sur cette photo noir et blanc,
Comme enfermée loin des couleurs de la vie,
Tu n’avais de ses jeunes années plus envie
Tant ces moments te paraissaient longs et pesants.
Il fallait bien l’amour et alors en donner
Tu avais ce chien que t aimais caresser
Fidèle ange gardien qui te consolait
Quand s’abattaient sur toi de sombres pensées.
Les jours se ressemblaient, vivant chez tes parents.
A jouer la Cosette et cela trop souvent.
Tu étais la cadette, adjointe ménagère
Au service de la mère, du père et de ses frères.
Tu aurais bien voulu prendre du bon temps
Mais il est dangereux de voir ailleurs, chez ces gens.
Tu étais ce bijou qu’on voulait pour soi
Gare à celui qui s’approcherait de toi.
Tu étais belle, tu étais sage mais trop docile ;
Tu étais douce, tu étais souple mais trop servile.
Dans ta chambre tu cherchais refuge, isolée,
Bercée par les mots de tes chanteurs préférés.
Tu rêvais de galantes et folles escapades
Cris de joie, œillades, cœur battant la chamade
Qu’il était bon dans ton lit douillet d’être aimé
De Sentir furtivement des lèvres mouillées.
Mais ces volutes d’amour banni s’estompaient,
Tête enfouie dans ton oreiller, tu pleurais.
Quelle adolescence , poursuivre des chimères,
Faute de réjouissances, vivre la misère !
Comment ne pas voir cette lourde tristesse,
S’échapper et mourir lentement ta jeunesse.
Ce jour, cette affliction m’interpelle encore
Cette photo un peu floue quelque part m’implore
Comme pour immortaliser tes joies et tes peines,
Plus que ton corps, que ton âme soit mienne.
Soleil au zenith, j’ embrase, je brûle ta peau.
Sur tes membres découverts lançant mes faisceaux
Je te découvre, je t’effleure, te frôle, te cajole.
Pour mieux te toucher, te ravir, je m’immole.
Mon temps devient le tien d’un autre temps.
Par tes beaux yeux tristes m’assujettissant
Je verse tes larmes des années perdues
D’amours impossibles, de tant de déconvenues.
Le visage assombri dévoile ta part sombre
Je cherche en vain la lumière dans la pénombre.
Mélancoliquement, je vis mon héroïne.
Je te couvre d’ombres alors que tout t’illumine.
Mais je saisis alors que le soleil se couche
Que malgré nombreuses et incessantes retouches
Je pourrai être le masque mais pas le cœur.
J’œuvre au mieux ; hélas tu ne fais qu’apparaître
Je ne peux aller au plus profond de ton être.
Je ne pourrai te refaire sourire au passé.
Je suis comme un savant fou d’amour, désemparé
Par sa muse éblouie, toujours insaisissable
Entêté à l’idée de créer son semblable.
Même si je suis la bouche aux lèvres mouillées
Qui caresse ce corps, de pleurs débarrassé
A tes regrets se mêlent mes illusions
Se teinte de spleen le flux de notre passion.
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