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Il vivait par là au milieu d’un album

Anonyme entre paysages et portraits d’hommes.

Après les vagues qui s’écrasaient sur le sable

Surgit ce vieux jovial qui me parut affable.

Les années ont ridé son visage tanné

Et blanchi sa barbe  toute désordonnée.

Son regard trahissait son plaisir de me voir

Ses yeux rieurs étaient hallucinatoires

Je sentais avec lui l’odeur du cigare,

Ecoutais les sons des congas et des guitares.

Entre taffes fumeuses défilèrent ses histoires.

Succession d’espoirs et de désespoirs.

Il portait sur sa chemise les mots love et free.

Un mot pour l’amour parfois chanté à sa mie

Un autre pour la résistance avec le Ché,

Et le combat incessant pour la liberté.

Le pygargue à son cou était-il un trophée ?

L’Amérique à genoux ou un désir caché.

Qu’y avait-il derrière ce doux air moqueur ?

Il avait bien connu les joies du vainqueur

Comme hélas les brutalités du dictateur.

Les longs discours devenaient de plus en plus fades.

Mais chantaient en lui toujours les mêmes aubades.

Des leçons de vie, ami tu avais appris ;

Des grandes chimères tu avais poursuivi.

Malgré  beuveries de rhum, et salsas endiablées

Les fêtes ne libéraient pas les prisonniers.

Pour mieux oublier tu avais ce sourire

Ta dernière arme pour ne pas défaillir.

Comme toi, il fallait aussi me refugier

Dans un monde imaginaire qui me sauverait.

  

Je me devais également de tourner la page

Du jeune révolté pour l’enjoué vieux sage.

Je mettais par malheur à mes rêves un veto.

Ya no lloro ; hasta siempre el cubano.

 

 

 

A donde vas, amigo.

Vives con el dinero !

Intocable espero

que hayas perdido.

Ya no lloro

Hasta siempre el cubano.

D'après photo de Franck GASCON

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