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Il faudra bientôt tourner la plage où je suis échoué.
Les vagues  d’antan lumineuses perdent leur éclat,
Et croulent, monotones sur le sable.
Le ciel s’obscurcit et mon glaucome grossit.
Je conserve un peu de soleil qui me tient en éveil
Mais les ombres se propagent et l’horizon s’obscurcit.
Il y a tant de vagues jaunies où vivent les absents.
J’entends les sirènes et leurs chants funèbres
Que j’écoute malgré moi, impuissant..
Pourquoi  ne naviguent plus les bateaux en papier,
Pourquoi ne flottent ils plus sur l’eau ?
J’aurai tant voulu encore jouer avec des courants hilarants,
Avec des marées, effacer les sordides histoires.
Mais aujourd’hui ils me retournent et me détournent.
Le sable rouge coule inlassablement entre mes doigts.
Du liquide amniotique au poison dans les veines
Je baigne et j’attends que le temps fasse son affaire
Me saisisse comme il a saisi les illusions et les vivants.
Un par un disparaissent les marins qui vont vers d’autres terres.
Le plus grand amour n’y fera rien.
Les cieux ne sont jamais sereins.
Ils se rappellent à votre destin par les départs  et les guerres.
Et me voilà marin, sans vent pour me porter,
Sans voiles, Immobilisé, torturé mais impassible,
Avec le sourire de celui qui sait enfin
Qu’un jour viendra où une lame l’emportera
Que rien ne bougera car on a toujours charrié les cadavres
Sur les belles plages ensoleillées des braves gens rassurés.
En fait je suis maintenant prisonnier d’une vision linéaire
Plongé dans le mouvement temporel immuable
D’une terre qui renverse la mer
Sans pour autant la changer.

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