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Elles sont du soir ou du matin, espoir ou désespoir.
Elles sont froides, chaudes, irisées, rouge ou noires.
Elles vont au gré du vent, au gré du temps.
Elles sont parfois bizarres, en dehors du champ,
Parfois prenantes, constantes ou arrogantes.
Elles peuvent faire la fête, et aussi faire sourire.
Elles peuvent nous prendre la tête et aussi nous faire gémir.
Elles ont horreur du vide,  compagnes de la solitude,
Pourtant elles nous vident et soulèvent nos inquiétudes.
Elles sont en folie, endormies, excitées ou sereines.
Elles sont mornes, dynamiques, jeunes ou anciennes.
Elles vont, elles viennent, elles crient, elles pleurent.
Elles vivent les jours heureux et ceux d’horreur.
Elles sont les saisons, les raisons, les  illusions.
Elles sont ces notes d’une chanson qu’on fredonne
Qui se meurt au loin, quand dans les têtes encore résonne.
Elles sont ces phrases d’un manifeste qu’on ronchonne
Qui va de bouche à oreille mais que n’entend personne.
Elles sont ces touches multiples et colorées sur la toile
Qui de nous parlent alors que certains y mettent un voile.
Elles sont ces lettres écrites en vrac sur des draps blancs
Qui couvrent les lits  où reposent des amours insolents.
Elles sont ces chimères qui nous font voyager
Sur un radeau d’illuminés par la mer enivrés.
Elles sont ces ondes profondes et silencieuses
Qui sommeillent avant l’éclosion d’ombres pernicieuses.
Elles sont les gestations foudroyantes des silences féconds
Engendrant des travaux spirituels  plus ou moins abscons.
Elles sont ailes dont on prend les plumes pour écrire les maux
Dont on prend la force pour résister en héros
Dont on prend la grâce afin de sublimer un monde nouveau
Dont on prend la liberté pour errer  tel un fol étourneau.
Et que serions-nous sans elles, ne pouvant alors s’envoler
Elles qu’on bat tant et tant pour les voir brûler
Victimes d’autodafés subis ou désirés.

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